Teddy Tamgho à Birmingham : "J'essaye de trouver des choses intéressantes pour Daegu"

Publié le par Demi-fondu74,

Après le meeting de Birmingham, Demi-fondu74 a pu interviewer en exclusivité Teddy Tamgho. Ses 16m74 de la soirée ne reflètent en rien son concours puisque le triple sauteur a sorti deux sauts mordus proches des 18m. C’est donc un Teddy confiant pour la suite de la saison que nous avons pu rencontrer.  Le français donne rendez-vous à tout le monde aux mondiaux de Daegu où il aura à cœur de faire quelque chose de bien. Le reste n’a pas d’importance à ses yeux et il a bien raison. Entretien.


meeting birmingham - teddy tamgho

 

- Teddy comment s’est passé ton concours ce soir ?

Je n’ai certes pas gagné mais mes troisième et quatrième sauts étaient proche des 18 mètres et je les mords de pas grand-chose donc aujourd’hui je ne peux pas être déçu. Je suis arrivé fatigué à Birmingham car cette semaine je me suis pas mal entraîné avec Ivan (ndlr : Ivan Pedroso, son entraîneur). Je savais que ça allait être un peu dur pour moi et j’ai eu du mal à rentrer dans le concours. Quand je vois que j’arrive à faire deux sauts à 18m, c’est encourageant pour la suite.


- A Lausanne, tu avais mordu 5 essais et ce soir tu en mords 3, comment l’expliques-tu ?

En fait je suis dans une configuration où j’essaye de trouver des choses intéressantes pour les championnats du monde. Je me rappelle l’année dernière, Phillips Idowu a souvent perdu contre moi en meeting mais il a finalement gagné aux championnats d’Europe parce qu’il avait mieux préparé ces championnats. Cette année, j’ai envie de m’inspirer de ça, de ne pas arriver à chaque compétition et me dire qu’il faut que je gagne ou que je fasse 18m. J’essaye de tenter des trucs et faire des sauts proprement.  Je sais que c’est en faisant des sauts comme ça que le jour des championnats du monde tout ira très bien.

 

- Tu as déjà dit que tu voulais faire 18m aux championnats du monde mais pas avant…

C’est les journalistes qui ont déformé mes propos, j’ai dis que s’il fallait faire 18m le jour des championnats du monde pour gagner je serais prêt pour les faire. L’objectif sera de gagner quelque soit la performance.

 

- Et à l’entraînement es-tu plus fort que l’an passé ?

Je suis beaucoup plus fort mais on va dire que je ne suis pas dans la même configuration. L’année dernière, je cherchais à gagner mais sans me préoccuper de savoir comment j’allais gagné. Aujourd’hui, j’essaye d’un peu plus réfléchir et à me connaître un peu plus en compétition pour être prêt le jour J.

 

- Avec ton entraineur Ivan Pedroso, où en êtes-vous dans ta préparation ?

Quand je vois qu’on n’a pas encore commencé le travail explosif, je me dis qu’il n’y a aucun soucis à se faire. Ca sortira quand ça sortira. On va chercher la qualité, c’est pour ça qu’aujourd’hui je suis passé sur 15 foulées. J’aurais pu assurer 17m30, 17m40 voire même 17m50 mais ce n’était pas mon but aujourd’hui, mon but était de faire des sauts avec un grosse intensité. J’aurai appris quelque chose ce soir et le plus important c’est d’apprendre. Si je mords des sauts à 18m aux championnats du monde, je serai déçu mais avant, j’ai appris avec le recul, qu’il y a des moments où il faut savoir aller moins loin et à penser aux bons trucs le jour J. La semaine passée, j’ai enchaîné 12 sauts et la différence avec les mondiaux c’est que j’aurai fais du jus et travaillé l’explosivité. Là je laisse faire les choses et les gens parler, ne vous inquiétez pas, je serai prêt le jour J.

 

- On t’avait vu au saut en longueur aux Europe à Bercy cet hiver, est-ce au programme pour cet été ?

Je pense que ça viendra dans l’avenir mais cet hiver, c’était plus un défi et pour me prouver que j’aurais pu faire une bonne carrière au saut en longueur.

 

- Sur le circuit mondial, tu es l’un des athlètes les plus sympas, tu t’arrêtes signer plein d’autographes, tu as même donné ton T-shirt et ton dossard aujourd’hui…

Le public est toujours énorme avec moi et j’aime bien le remercier, c’est une manière de rendre ce qu’il me donne.

 

- Tout le monde te voit comme le successeur de Jonathan Edwards et ses 18m29, quand seras-tu prêt pour ce record du monde ?

Je ne sais pas quand est-ce que je les réussirai, je sais que beaucoup de monde me voit réussir ça mais on va attendre. Vous savez quand il a fait ses 18m29, Jonathan Edwards était dans des conditions idéales, dans le contexte de championnats du monde à Göteborg, avec une superbe météo et un vent positif. Bien entendu que j’ai envie de battre ce record mais je sais aussi qu’il faudra aussi des conditions optimales.

 

- Si cette année tu mords un peu plus, est-ce que c’est parce que tu as gagné de la vitesse ?

Non, en fait je me prends moins la tête. Si il faut que je ne morde pas, je ne mordrais pas mais ici si c’est pour sortir 17m30, ça ne sert à rien. Aujourd’hui je mords le troisième essai car j’ai poussé légèrement trop et le cinquième j’ai tout de suite senti que j’allais mordre. Mais en championnat je serai prêt pour ne pas mordre car l’envie sera là. L’année passée à Barcelone, en qualification je sors 17m37 en assurant et à Daegu si je suis dans la même forme, je sais que je pourrais assurer tout en allant loin.

 

- Au niveau technique qu’est-ce qu’il te reste à travailler ?

Il faut plus de régularité dans ce que je fais et que je me presse moins. Avant je me pressais et essayais de jouer sur les qualités physiques que j’avais. J’ai 22 ans et souvent à cet âge là on manque de maturité. J’essaye d’avoir la fraîcheur de quelqu’un de 22 ans et la maturité d’un sauteur qui en a 30. Pour gagner les JO, il n’y aura pas le choix, il faudra être très expérimenté. Ca commence à rentrer même s’il reste du boulot, il ne faut pas se mentir. Quand je voudrais sortir une grosse performance ça va sortir. Ce soir il y aura des médias qui vont titrer Teddy a déçu. Mais rappelez-vous l’an passé Idowu ne saute pas à plus de 17m50m pendant toute la saison sauf le jour des Europe à Barcelone avec ses 17m81. On sentait l’expérience.

 

- Justement tu restes sur deux performances moyennes avec Sotteville à 16m83 et Birmingham à 16m74m…

Ce n’est pas un problème, à mon âge on ne perd pas son potentiel du jour au lendemain. Il y a dix jours à Lausanne je saute à 17m91. Aujourd’hui je mords deux sauts à 18m, le public a vu que ça allait très loin sur le troisième et quatrième essai. Si je suis serein, concentré et la tête sur les épaules, j’arriverai à cela (il fait signe des bras qu’il va s’envoler).

 

- Pourtant je croyais que c’était Jonathan Edwards qui était surnommé le goéland. Et toi alors quel est ton surnom ?

Je ne sais pas, on va dire pour l’instant le kangourou. Lui il volait, très léger sous le pied. Moi on sent que ma qualité de pied, c’est plus du rebond et de la vitesse.

 

- La semaine prochaine tu seras à Ostrava pour les championnats d’Europe Espoirs…

Je vais là-bas pour gagner mais pas pour chercher une grosse performance. Je m’étais dis de ne pas griller les étapes et je veux engranger des titres. Mon coach Ivan Pedroso a été champion panaméricain, du monde, olympique, il a tout gagné. Ce qui est gagné n’est plus à gagner. Des champions comme Ladji Doucouré ou Leslie Djhone ont fait les championnats d’Europe espoir (ndlr : chacun champion d’Europe à Bydgoszcz en 2003), je me dois de participer pour représenter l’équipe de France et essayer de ramener une médaille d’or. Ca va sauter loin avec un italien à 17,20m, un russe à 17,19m et un autre russe à 17,04m. Il me reste trois compétitions avant les Mondiaux de Daegu, à savoir Ostrava, Monaco et Albi avec pour objectif de me faire plaisir avant tout.

 

Merci Teddy pour ta disponibilité et ton enthousiasme, nous te souhaitons une excellente fin de saison !

Publié dans Diamond League

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